Le scénographe, la 3D et les nouvelles technologies.
De tout temps, la technologie a participé à l’évolution des arts en générale que cela soit de dessiner avec du charbon de bois dans les cavernes du néolithique ou de peindre avec de savants mélanges chimiques les toiles du grand siècle, jusqu’à la photographie, étape ultime de la représentation du réel.
Certes, le passage au numérique nous a fait faire un bond dans la modélisation de notre monde. La virtualité s’est installée, les outils se sont démocratisés. De nombreux artistes en font leur médium. Pour mon travail de scénographe et de sculpteur, j’utilise depuis plusieurs années la 3D pour argumenter et présenter mon projet de scénographie au metteur en scène ou au maître d’ouvrage. Cela permet de pouvoir modifier rapidement les projets et de les communiquer par mail.
J’étudie actuellement la possibilité d’utiliser l’impression 3D pour certaines applications de prototypes, d’accessoires, mais cela reste pour l’instant au stade d’essai. Le travail du scénographe est avant tout un travail d’artisan, il se doit de savoir travailler la matière, quelle qu’elle soit. Je réalise moi même la plupart de mes scénographies et même si je pousse assez loin la visualisation en 3D de mes projets, le travail en atelier fait toujours évoluer ces mêmes projets. Poussières, bruit, froid, fatigue, en nous coltinant au réel, l’énergie de l’atelier nous apporte ce sentiment d’existence.
L’art est une communion entre virtualité et matérialité. La technologie (informatique) est un formidable outil pour la transmission, la formation, la productivité, mais elle lui manque (pour l’instant) la sueur et l’effroi d’un marbre qui se fendille, d’une glaise qui s’effondre, d’un vernis qui craquelle.
La technologie est en tout les cas la meilleure des prothèses à celui qui ne sait ni dessiner ni sculpter, mais qui à la rage de créer.